Entrainement en Altitude & Hypoxie. « Montagne Leaders » vient chercher des réponses au CNEA de Font-Romeu.
Triathlon : Les français sur le toit du monde.
Parcours d’une nageuse dans l’univers rugueux de la haute performance.
Il y a toujours quelque chose d’émouvant lorsque qu’un athlète décide de revisiter son parcours, de partager ses doutes, de s’ouvrir à ses échecs comme à ses réussites. C’est cette plongée en abime que nous propose ici Catherine Pléwinski, nageuse au palmarès éloquent qui domina la nation française féminine au tournant des années 90. Habituée à s’entraîner au CNEA, elle témoigne ici la façon dont elle a su surmonter ses obstacles pour remporter deux magnifiques médailles olympiques. La haute performance n’est jamais un long fleuve tranquille.
Voilà son héritage !
L’incompréhension des autres, la solitude, le travail bien fait, le doute, la réussite, l’échec, la souffrance, la douleur, le combat intérieur, une implication totale à l’entraînement, un perfectionnisme qu’elle revendique, … Catherine Pléwinski a eu le courage de poser ses mots sur la page blanche. Des mots qui témoignent de la difficulté d’accéder au très haut niveau.
« Je m’étais imaginée être le plus juste pour réussir au plus haut niveau. Je me couchais tous les soirs à 21 h pour être en forme à l’entraînement le lendemain, je ne faisais pas d’excès, ni de sucrerie, ni de boissons, ni de quoi que ce soit, pas de sortie le week-end ou exceptionnellement. C’était mon choix de vie et ce n’était pas une contrainte, c’est la voie que j’avais choisie pour atteindre le plus haut sommet de la natation mondiale. C’était ce en quoi je croyais. »
Elle s’entrainera ainsi pendant toute sa carrière à appliquer sagement les recommandations de ses entraîneurs. Et elle apprendra à ses dépens qu’il ne suffit pas de cocher toutes les cases pour que la performance advienne. Mais son histoire est d’abord celle de la capacité d’une nageuse à utiliser ses échecs pour, tel l’alchimiste transformer le plomb en bronze, en argent et en or.
Après une médaille olympique (bronze) glanée sur 100m nage libre à Séoul (1988), elle enchaînera les performances jusqu’en 1990. L’épuisement l’attend au coin du bois… Elle n’avance plus. Son corps et sa tête lui soufflent : « arrête, prend du repos, on ne t’aidera pas à te dépasser » alors qu’elle doit préparer sa qualification pour les championnats du monde l’année suivante à Perth (1991). Une longue période d’abstinence de la natation et des retrouvailles avec sa famille lui permettront de décompresser et se reconnecter à la vie. « La force majeure, c’est la joie », confirme le philosophe Clément Rosset.
La barre qualificative passée de justesse, la joie et la confiance retrouvée Catherine abordera ce stage pré-compétition à Font-Romeu sous les meilleurs hospices. Elle se sentait invincible mais se fait tordre de 14 centièmes de secondes sur une faute d’inattention. Patatras le monde s’écroule ! Elle a du mal à surmonter ce qu’elle vit comme un échec. Sur les conseils de son environnement, elle se décide à consulter une psychologue « Je l’ai rencontrée tous les jours durant une semaine. Ce ne fut pas facile et je n’en garde pas un excellent souvenir, car, en somme, elle me conduisait à imaginer mon échec comme la perte d’un enfant. » Quelle comparaison criminelle ! Catherine mettra 18 mois retrouver l’énergie nécessaire pour repartir à l’entraînement en perspective des JO de Barcelone. Un temps de répit salvateur qui l’aidera à réfléchir sur ses performances et notamment à modifier sa stratégie de course, pour finalement remporter la médaille de bronze olympique au 100m papillon. Du bronze qui vaut de l’or.
VOICI SON TÉMOIGNAGE
» Le sportif de haut niveau c’est comme un chef d’entreprise : Il se fixe des objectifs à court terme, à moyen et long terme sur une année, une Olympiade, une vie…..
Tout comme lui, il doit savoir affronter la réussite et l’échec et se remettre en question pour rebondir et continuer à avancer même face à l’adversité parce qu’il est un homme responsable.
Aujourd’hui je vais essayer de partager avec vous un moment important dans ma vie de sportive de haut niveau, moment où tout a basculé et comment la vie a malgré tout dû continuer.
Plus on gravit les échelons dans le sport de haut niveau, plus on est reconnu et plus, pourtant, on se sent incompris. Entre autres et sans que vous y soyez pour grand-chose, ce sont souvent les médias et les gens que vous croisez dans la rue qui vous mettent sur un piédestal. Vos copains d’entraînement qui sont contents pour vous, vous prennent eux aussi pour un être exceptionnel, alors que vous êtes juste comme eux et que vous avez peut-être cru un peu plus en vous et que vous y êtes ainsi arrivé…
Pour prolonger la conversation, LA FORCE DE SE RECONSTRUIRE