PROJET D’ETABLISSEMENT 2023-2028
La nuit, les poissons rêvent, ils volent
Guillaume Burger (FRA), Quilian Koch (FRA), Maxime Beaumont (FRA) and Guillaume Decorchemont (FRA) K4 500m Photo Jean-Marie Hervio / KMSP
Double Champion du Monde en K2 (2007) et en K4 (2010) en Kayak course en ligne, Philippe Colin a toujours été transcendé par l’aventure collective. Ce qui l’intéresse profondément est l’aventure humaine. Son rêve est de porter le collectif français à la médaille olympique. Ce n’est pas simple pour des sportifs qui se sont essentiellement formés à performer en individuel. Cela exige que l’athlète accepte de modifier, d’ajuster sa propre technique ; son rythme et son effort pour le mettre au service d’une performance collective.
La posture de l’entraîneur change alors. Il n’est plus seulement, un excellent technicien, un stratège, un visionnaire de sa discipline, mais un gars qui fait preuve d’une acuité intense pour percevoir les variations de l’environnement et l’état émotif de chaque athlète de son collectif. Son travail est de s’assurer que les kayakistes abordent cette aventure collective de façon maîtrisée pour ne pas être effrayés, mais avec suffisamment d’incertitudes pour demeurer concernés. Il est celui qui va encourager ses athlètes et son équipe à faire preuve d’innovation et de créativité.
Philippe connaît bien ses athlètes, il sait analyser ce qu’il s’y passe. Il sent respirer les bassins. Il perçoit le trop ou le pas assez. Il sent pointer le doute, l’énervement. Il prend les repères que lui a donné la première manche pour envisager le scénario de la seconde. Il n’est pas dans l’analyse, il n’y a pas assez de temps pour cela. Il tente juste de répondre à une question : Comment faire évoluer le rapport de force à leur avantage ? Imaginer, expliquer en quelques mots les comportements adaptés. Et toujours laisser le temps aux athlètes d’échanger pour élaborer ensemble leurs stratégies. Philippe repère celui qui montre des qualités de discernement et de jugement pour prendre les décisions ; celui qui va trouver le mot juste pour amener ses coéquipiers à dominer leurs peurs, à ne pas succomber à la pression et à se transcender.
Tout ce qui vient du collectif a beaucoup plus d’intérêt que ce que le staff pourrait lui imposer. Il leurs appartient de cultiver les idées qui feront progresser le groupe, sans attendre que les entraîneurs leurs servent le plat tout chaud. Chaque membre du collectif doit participer à élaboration de ce qui leurs convient. L’élément essentiel qui nourrit l’équipe est la production commune. Il doit compter sur un engagement total des acteurs pour rentabiliser au mieux le temps partagé ensemble. Pour ça, il faut que le collectif ait l’impression de gérer quelque chose qui lui appartient et qui ne lui est pas imposé. Une fois qu’ils l’auront défini et que le groupe l’aura validé, ils vont le défendre avec une autre détermination.
« Voyez cette situation, d’habitude, je vous disais comment vous deviez faire ; eh bien là, vous allez me dire comment vous souhaitez l’aborder ». L’idée pour moi était de passer du jeu de l’entraîneur au jeu de l’équipe. De ne plus avoir des joueurs assis, qui se défaussent en cas d’échec sur le staff, mais des joueurs debout, prenant leur responsabilité dans l’aventure collective. », témoignait Claude Onesta, alors entraîneur de l’Équipe de France de Hand-Ball de 2001 à 2016
LE GUELLEC (G.), ONESTA (C.). – Le hand-ball est un sport un peu à part. L’Obs,16 janvier 2015
Il est évident qu’une réponse élaborée par autrui, ou tel ou tel système de pensée – si satisfaisante soit-elle – ne peut en aucun cas se substituer à ce travail de clarification et d’unification indispensable pour réussir une performance collective. Il est donc essentiel de mettre en œuvre un mode de fonctionnement, dans lequel l’athlète n’est plus dans l’attente de consignes. Le maître d’école a disparu. Plus question pour l’entraîneur d’expliquer aux athlètes comment ils doivent s’y prendre. Cette responsabilité leurs incombe. Dans un sport considéré comme individuel, le défi est immense.
Les résultats aux Jeux Olympiques de Tokyo 2021 n’ont pas été à la hauteur des attentes. Je ne doute pas que vous avez analysé ce qu’il s’est passé pour préparer Paris 2024. Cela suppose de prendre beaucoup de recul par rapport à l’évènement, d’interroger vos choix stratégiques et peut-être de porter un nouveau regard sur les conditions d’émergence de la très haute performance.
Philippe : Avant les années 2000, la France était reconnue par la qualité de ses pagayeurs. Nous étions considérés comme de très bons techniciens. Tu reconnaissais les Français, à leur toucher d’eau, à leur glisse, …Ils s’entraînaient quinze heures par semaine et cela suffisait pour, parfois, réaliser des hold-up dans les compétitions internationales. Notre représentation de la performance se situait essentiellement sur l’aspect technique. Au fur et à mesure, cela est devenu notre référence et notre marque de fabrique. A la même période, la concurrence travaillait beaucoup sur les aspects physiologiques, la charge de travail, les lactates …
La fédération française s’est alors engagée dans cette voie, en recrutant Kirsten Mann, un entraîneur allemand au palmarès époustouflant. De suite, il nous a annoncé la couleur : « Dans 4 ans, vous aurez des médailles ». À l’échéance annoncée, on n’avait pas obtenu de médailles mais plusieurs 4èmeplaces aux JO. Une régularité de nos performances s’installait doucement. Son approche était exigeante, pragmatique et méthodique : « En muscu, je veux voir ça, ça et ça.En bateau, je veux des entraînements à ces intensités-là, à cette vitesse-là en gardant votre qualité technique ». Son niveau d’exigence correspondait aux standards internationaux allemands (qui nous dominaient) ». Au début, les Français n’étaient pas capables de supporter de telles charges d’entraînement.
C’est à cette époque que je suis arrivé en tant que compétiteur. On était « technique », parce qu’on avait été formé dans les clubs, et puis après dans les équipes de France on est devenu « physique » parce qu’on n’avait pas le choix. On s’est donc mis sous les barres.
Le fait de s’entraîner dur physiquement, nous donnait confiance. On savait que quand tout merdait, on avait une base de travail, un truc solide sur lequel on pouvait s’appuyer. La maitrise technique est une qualité indispensable qu’il est difficile de maintenir à très haute vitesse et intensité. Dans notre discipline le premier indicateur est la fatigue musculaire, laquelle risque créer une dégradation de la technique.
On dit que l’on gagne sur ses points forts. Mais selon Arnaud Brogniart, entraîneur national de l’équipe de France de Slalom : « À très haut niveau, je suis convaincu que l’on se fait tirer vers le bas par ses points faibles »
Philippe : Oui, mais les points faibles resteront toujours les points faibles. Les points forts resteront toujours forts. Par ailleurs dans la mesure où il faut gérer au mieux le temps de l’entraînement, si tu gagnes sur tes points forts, il ne faut pas non plus passer trop de temps sur tes points faibles. Améliorer 5 % de tes points faibles nécessite d’y passer beaucoup de temps. Et puis, nous sommes des disciplines différentes, en Slalom, le point faible est souvent un point technique (à mon sens), alors qu’en Ligne, une fois que ta motricité est bien posée, la dégradation technique commence à opérer dès lors que le physique ne tient pas.
Puisque la technique se dégrade avec la fatigue, il est nécessaire à même intensité de repousser la fatigue. Ne penses-tu pas qu’un modèle de performance organisé autour de trois pôles : le physique, le mental et la technique, est réducteur ? Dans le sens où il évacue la situation de compétition et peut parfois prendre le risque déresponsabiliser les athlètes de leurs performances.
Philippe : Le modèle de performance donne le sentiment que l’on peut tout régler, le physique, le mental et la technique, mais face à l’évènement, il n’y a plus de certitude. Ce qui te semblait stable peut à tout moment être remis en question. Chaque personne joue avec ce qu’elle est, et donc de nombreux points nous échappent et relèvent de chacun, en situation. Tu auras beau travailler l’aspect technicotactique, cela ne dit pas comment chacun va réagir au moment où il se fait dépasser, cela ne dit pas qu’untel est perturbé parce qu’il s’est engueulé avec sa copine avant de partir….
Je me souviens d’un Championnat du Monde que l’on a gagné en K2 1000 en 2007, alors que l’on n’était pas donné favori. J’avais une intuition, une conviction que cette course était pour nous avant le départ : « Je voyais bien la course. Je voyais comment on allait la faire, on ne s’est pas soucié de ce qu’il se passait autour de nous, je ne me suis pas occupé de mes adversaires, A un moment donné, on prenait tellement l’eau (deux longueurs à mi-course) que l’on n’aurait jamais dû revenir. On les a laissé partir, eux se sont écroulés. On fait notre course, on l’a gagné. Je ne sais pas pourquoi. » Paradoxalement, je n’avais pas une grande estime de ce que l’on faisait à l’entraînement mais j’ai eu pourtant le sentiment d’avoir remporté le titre mondial avant le début de la course. Je savais que l’on était fort, mais pas à ce point-là. Cela m’a interrogé sur mes propres représentations de ce qui « faisait » Performance, d’autant que j’avais une formation très accès sur les aspects physiologiques.
A l’issue de ton parcours de compétiteur, comment as-tu basculé sur l’entraînement ?
Philippe : Mon parcours de formation m’a permis d’avoir de belles rencontres, notamment avec Claude Colombo (BEES1° et 2° à NANCY), un entraîneur spécialisé dans la préparation physique. Cet univers m’a vraiment intéressé. J’ai donc logiquement passé un diplôme de prépa physique, puis après le CCS (Certificat de Compétence Spécifique) hypoxie à l’INSEP. Et puis je me suis penché sur la variabilité de la Fréquence Cardiaque (HRV (Heart – Rate Variability)[1]. Chaque année, on vient au CNEA de Font-Romeu pour procéder à ces mesures et à leurs suivis avec l’UAP (Unité d’Accompagnement à la Performance du CNEA de Font-Romeu), cellule animée par Grégory Doucende. Ma formation étant très axée sur la physiologie de l’entraînement, je fais partie du groupe ASTRE qui travaille sur l’hypoxie en France.
La dimension glisse est aspect essentiel de vos disciplines. Quelle est la pertinence de s’entraîner en salle sur un ergomètre alors que la compétition se déroule sur un plan d’eau ?
Philippe : L’ergo permet de mesurer les forces, les vitesses, les intensités, de développer des stabilités, de trouver de nouveaux équilibres, d’évaluer l’efficacité d’une gestuelle… Ces données sont très utiles pour l’athlète comme pour l’entraîneur. Cela permet de s’approcher de la situation de course et de s’entraîner à des intensités, à des vitesses, à des cadences proches de la compétition. Je ne sais pas si l’on peut parler de transfert puisque les deux situations ne sont pas comparables. L’ergo ne dit rien de la glisse, ni de la capacité de chacun à garder son efficacité sur un plan d’eau, lequel n’est jamais complètement lisse.
C’est un peu comme en surf. La façon de surfer une vague, et donc d’utiliser la technique appropriée va changer selon que le vent vient de la terre, de la mer ou de côté. Certains bassins sont orientés vent de dos, d’autres vent de face. Chaque kayakiste a ses préférences, et l’aspect psy devient important.
Un kayakiste, convaincu de ne pas être capable de rivaliser avec les adversaires quand le vent n’est pas bien orienté par rapport à ses préférences, cela devient un problème. Il n’est pas possible de « partir perdant » au départ d’une course. Travailler en amont dans ces conditions-là, est une absolue nécessité pour que vos athlètes, confrontés de nombreuses fois à des situations similaires, soient en mesure de trouver les meilleurs ajustements pour performer.
Philippe : Oui, il m’est arrivé d’arriver sur un site et d’entendre certains athlètes se lamenter : « Ah putain, c’est vent de dos ! » Cette réaction me désole : « Vous savez ce que l’on va faire ? On n’est pas encore arrivé mais c’est peut-être temps de repartir. Si le vent de dos vous perturbe au point de ne pas pouvoir gagner… Il y a huit bassins sur dix où le vent est généralement de dos, si vous ne pensez pas pouvoir gagner, moi je gagne du temps et on rentre à la maison. » On sait que « le vent de dos », c’est plus compliqué, mais dans la mesure où ils se sont entraînés à ces situations-là, ils savent qu’ils doivent ajuster leur technique. Le problème est que certains kayakistes, souvent dociles et obéissants, attendent qu’on résolve leurs problèmes à leurs places. C’est une question d’attitude. A chacune de mes demandes, ils me rendent la copie en me disant qu’ils ont fait le boulot. J’aimerais bien que ceux-là s’impliquent plus à l’entraînement dans une recherche personnelle d’amélioration : « Tient regarde, j’ai essayé de mettre ma pagaie comme ça et je pense que ça avançait plus, … tiens j’ai mis ma pagaie là et je voyais que je le tirais, …et donc, … ».
Il est donc important que les athlètes échangent entre eux et avec leurs entraîneurs pour parler de leurs sensations, inventer et ajuster leurs propres techniques.
Philippe : On passe beaucoup de temps à rappeler les fondamentaux techniques, dans la mesure où, s’ils ne sont pas respectés (comme la nécessité d’avoir le bras tendu pour optimiser l’amplitude, ne pas pagayer en étant trop sur l’arrière…), cela ne peut pas gagner.
L’analyse des performances réalisées par les autres pays est toujours riche d’enseignement. L’Espagne, par exemple, a développé une technique en K4 performante qui mobilise beaucoup les muscles du dos. Mais leur technique ne nous est pas apparue adaptée aux profils de nos coureurs. C’est comme dans Rasta Rocket, on ne va pas chercher à être Suisse si on est Jamaïcain. Tu te souviens du film ils essayent de ressembler à… pour aller plus vite, mais ça ne marche pas. Je fais le pari que l’on peut gagner avec nos qualités en trouvant notre meilleure façon de faire.
Pour monter un K4 performant, il faut au moins qu’ils pagaient tous ensemble. Cela est très subtil. Le visible ne dit pas tout. Je ne suis pas dans le bateau pour voir ce qu’il se passe dans les jambes. Il est nécessaire de trouver l’ajustement pour que le coup de pagaie soit le plus efficace possible tout en restant au service du collectif. Ce n’est pas le coup de pagaie de chacun qui est essentiel mais c’est le coup de pagaie ensemble. A un certain niveau, un entraîneur de K4 ne sert plus à rien, parce que c’est aux athlètes de chercher et de trouver les micro-ajustements nécessaires pour faire UN. Tu les laisses échanger entre eux : « Je fais ça, toi tu fais ça, mais par contre, toi, quand tu fais ça… »Dès lors que leurs intentions sont partagées, ils vont trouver les solutions. Et lorsque je les voie revenir avec le sourire, je sais qu’ils ont trouvé les conditions de l’accord. Pour l’entraîneur c’est un moment magique. Mais l’équilibre est toujours fragile, précaire. Les dissonances peuvent apparaître à tout moment. Les actions des uns et des autres se désynchronisent doucement, l’équipe perd son efficacité, le tempo est chaotique, le flow disparait. C’est lorsque les gars sont dans le dur que le risque de rupture de cet équilibre est le plus menaçant.
Chaque athlète désire toujours s’améliorer. Mais dans la mesure où chacun doit rester au service du collectif, il est nécessaire d’être vigilant à ne pas casser cet équilibre collectif précaire qui leurs permet de performer. Ce point d’équilibre est difficile à trouver. C’est le sujet auquel se confrontent les artistes. A quel moment une œuvre peut-elle considérée comme achevée ?
Philippe : On dit que le mieux est l’ennemi du bien. Lorsque la fatigue éprouvée par chacun commence à affecter son coup de pagaie, cela affecte et perturbe l’ensemble. Et là c’est compliqué collectivement de rester synchrone, équilibré et efficace. Cela exige de chacun qu’il reste en éveil à la situation par rapport à lui et par rapport aux autres pour trouver les meilleurs ajustements et maintenir la vitesse.
Mon rôle est de les engager à trouver sans cesse une meilleure collaboration et les ajustements les plus efficaces. En réalité, je vois ce qu’ils font, mais je ne sais pas trop d’où viennent les dissonances : « Vous avez vu quoi ? » Silence ! J’alimente leur réflexion : « Le bateau glissait, j’ai vu un petit détail sur la pointe avant, je vous le montrerais à la vidéo, …c’est ça, mais je ne sais pas d’où ça vient ».Je m’amuse parfois à les provoquer pour enclencher leur réflexion. Certains se prennent au jeu : « Cela ne vient pas de moi, ça vient de ça, ça et ça ». Ce n’est pas ma question qui est importante, c’est leur réponse. Ce qu’ils disent est souvent très pertinent sans pour autant savoir comment ils se sont interrogés. Aujourd’hui, dans mes fonctions d’entraîneur national, j’ai besoin de m’assurer que les ajustements que je souhaite voir apparaître, vont leur permettre d’aller encore plus vite. Je suis en permanence en recherche de confiance par rapport à ce que je propose. Nos récents résultats, 6ème aux Mondiaux en 2022, et 3ème aux Europe, me laissent penser que l’on est plutôt sur une bonne trajectoire. Cette année, j’ai augmenté un peu les volumes. Ça râle un peu mais ils sont bien conscients que la performance a un prix. Après cette séquence, on va se détendre (retour en bateau après 3 semaines de Préparation Physique Générale) et travailler sur la technique « savoir pagayer ensemble ». C’est toujours difficile de trouver le bon équilibre parce que l’on cherche toujours la limite, en évitant d’arriver à la rupture. Le métier d’entraîneur s’exerce toujours sur un fil instable.
J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse. ” Rimbaud
Arthur Rimbaud
Entraîner est un métier d’équilibriste, il faut apprendre à danser dans les cordes, se jouer du fragile et du précaire. La perception du monde, des évènements, des conditions d’émergence de la performance… dépend du vécu de chacun, de ses expériences, de ses connaissances. Comprendre le fonctionnement de chacun est indispensable pour envisager créer un véritable collectif.
Philippe : Athlète, j’ai connu des hauts des bas …. J’ai toujours puisé mon énergie personnelle dans la notion d’équipage. En mono, je n’ai jamais été Champion de France, j’étais souvent deuxième, troisième. Le collectif a toujours été une raison pour me transcender. Et aujourd’hui, j’aimerais leur faire toucher du doigt le plaisir de gagner ensemble. Monter un K4 français performant me semble un beau challenge.
Stratégiquement, cela exige de composer et décomposer en permanence une multiplicité d’équipages différents, pour les amener à trouver ensemble les meilleurs ajustements. Je sens que parfois, c’est difficile pour eux, parce que les choses ne sont pas installées, qu’elles sont en construction. Lorsqu’ils n’arrivent pas à s’adapter, à s’accorder, cela se traduit par un mal de dos. Comment faire « un » sur un bateau quand on est « quatre » ? Ce qui important est d’avoir l’assurance que chacun est vraiment engagé dans l’idée de performer collectivement.
Les rares fois où on y est arrivé, c’était lorsqu’ils étaient affutés. J’aimerais bien qu’ils arrivent à trouver cet accord sans être spécialement préparés, à deux, à quatre, que cela devienne naturel et qu’ils y prennent du plaisir. Et parfois, émerge de petites victoires qui permettent de remporter les grandes batailles.
Certains se lâchent : « J’ai trouvé une solution avec lui ». Mon rôle est de les encourager à chercher, chercher encore : « Voilà une piste : C’est fiable ? Ce n’est pas fiable ? Garde là sous le coude ! ». Ça se fait deux par deux, et puis quatre par quatre. J’essaye de les placer dans cet état d’esprit de rencontrer l’autre pour se mettre au service d’une performance partagée. Ce sont ces petites victoires qui vont permettre de remporter les grandes batailles.
Cela suppose cependant que chacun fasse des concessions, notamment accepte de modifier sa technique individuelle pour le collectif. C’est à ce moment-là que tu as la sensation de glisse. C’est ce que je veux faire. Qu’ils se mettent en relation pour qu’ils disent : « Ah bien là, moi, je suis dans l’économie. Toi aussi ? Putain, t’as vu comment on avance ? » Dès que les athlètes s’approprient le projet, ils progressent ensemble. C’est cela qu’il faut arriver à créer.
Pour accéder à cet accord, chacun doit être convaincus que « l’ensemble » est toujours plus performant que la simple addition des singularités. J’aimerais qu’ils perçoivent que le « bien ensemble » donne non seulement une sensation très agréable mais s’avère plus efficace. Mais cela exige des échanges permanents entre eux pour chercher et trouver les meilleurs ajustements. Certains pagaient en ayant tendance à placer le bateau à droite, pour d’autres, c’est plutôt à gauche, ou plutôt devant… L’important est que chacun puisse s’exprimer et apporter sa pierre à l’édifice. Comment faire « un » quand on est « quatre » commence par un état d’esprit.
De l’extérieur, je ne vois pas tout. Du fait que je les vois tout le temps, parfois ma vue colle. C’est pourquoi je suis souvent accompagné par Mikael Ortu (entraîneur national de canoë kayak course en ligne) sur certains regroupements. Son point de vue m’est très précieux.
Cela procède de tâtonnements jusqu’au moment où tout semble réconcilié, où chacun participe à la performance du collectif. Mais cette zone est fragile car si tu pousses un peu trop loin, tout peut s’effondrer.
Philippe : Quand tu n’es plus vraiment dans ton style, plus vraiment toi-même pour t’ajuster techniquement aux autres, cela peut créer une gestuelle « contre nature ». Cela peut s’avérer très douloureux. Les gars commencent à avoir mal au dos … Mais elle est où, la frontière, quand le « trop mal au dos » casse l’équilibre ?
C’est à ces intensités limites que je dois être très attentif. Est-ce qu’il faut aller justement chercher le moment où tout s’effondre ? Je peux me dire qu’après la pluie, vient le beau temps. Est-ce que ce n’est pas au moment où tout va s’effondrer que l’athlète va trouver les solutions ? Chaque entraîneur passe par une succession d’états, où la conviction doit prendre la place du doute. Et puis après il y a l’action : « Ok, je crois en ça, j’y vais. Je suis obligé d’y aller. »
Nous, on doit enfoncer tout le temps au même endroit. Mais je ne perds pas de vue l’idée qu’un axe de travail peut très bien être efficace, juste à un certain moment. Alors, j’insiste beaucoup. Et puis il y a toujours un moment où je m’aperçois que cela ne marche plus très bien. Il est alors nécessaire de vite le percevoir et engager une nouvelle approche. Le timing est important. Lorsque j’ai le sentiment qu’un athlète travaille vraiment bien, je ne veux surtout pas casser sa dynamique. Ce n’est pas à ce moment-là que je vais lui en demander de sortir de lui-même pour explorer d’autres pistes.
Pendant de nombreuses années, on travaillait beaucoup sur des cycles de VMA. Les gars étaient usés, lassés par ces types de séances monotones. Ils s’engageaient à reculons. Depuis trois quatre ans, on a pris le parti d’aller sur l’entraînement hypoxie en proposant un travail RSH (Répétition Sprint Hypoxie). Le recueil de données et des tests réalisés avec Adrien Bart, notamment sur les Watt bike (environ toutes les six semaines), a été très utile, notamment pour le convaincre de l’efficacité de l’entraînement proposé. Il avait ainsi réussi à améliorer certains indicateurs qui nous paraissaient importants à un moment de la saison. Et puis après, le danger de la lassitude revient. C’est pour cela que les entraîneurs doivent se renouveler pour maintenir les athlètes en éveil, en élan.
Quelle que soit la méthode utilisée, les entraînements restent durs. Le haut niveau n’est pas quelque chose de figé. On s’efforce d’être toujours en mouvement. Aller trop loin permet de s’apercevoir où se situe « le trop loin » et trouver d’autres solutions… Le fait d’avoir le sentiment d’aller au bout de sa vie, permet d’explorer des zones d’ombre, de douleur, de vitesse auxquelles ils ne sont pas habitués. Il y a de des zones blanches dans l’effort, où tu es bien, en accord avec toi et puis tu bascules sur dans ces zones d’ombre. Il est nécessaire d’apprendre à gérer son effort et sa technique individuelle dans ces zones. Repousser les zones blanches dans des zones inconnues et faire revenir les zones sombres dans les zones blanches, connues.
Les séances de RSH permettent d’explorer ces zones en s’appuyant sur certains indicateurs et paramètres physiologiques. Si les gars pètent parce qu’ils vont trop loin, il faut réajuster le curseur des intensités des durées, des répétitions. Mais il est nécessaire d’aller dans ces zones, d’en explorer les contours et les limites. Certains athlètes sont bien conscients de la nécessite de se confronter à la fatigue, à l’épuisement. C’est l’occasion pour eux de se découvrir et d’apprivoiser ces zones. S’ils ne s’y sont pas suffisamment confrontés, les athlètes sont dans l’incapacité de définir leurs limites. Ni l’entraîneur d’ailleurs. Lorsque l’on n’est pas habitué, le corps joue un rôle d’alerte. Le corps annonce une souffrance et demande à la tête d’arrêter. C’est la tête qui trahit, pas le corps. C’est pour cela que la décision de s’engager dans ces zones dures appartient à l’athlète.
Philippe : Nos entraînements sont durs physiquement, mais c’est grâce à cette grosse base de travail que les athlètes peuvent affronter ces zones. Athlète, il m’est arrivé de mettre parfois dans de tels états que ma perception était complètement changée. La dernière compétition que l’on a gagnée, je vois les bouées d’une autre couleur. Je ne mens pas. J’étais tellement proche de l’abandon ; et pourtant on gagne avec un bateau d’avance. Cette sensation étrange, je l’ai vécue une seule fois dans ma carrière. J’avais le sentiment d’être dans la tempête et d’arriver dans l’œil du cyclone. Je ne sais pas définir cet état. Certains parlent de flow. Je me demande si ce n’est pas une chimère ce truc-là. C’est comme le loup blanc des Vosges, tout le monde en parle mais personne ne l’a jamais vu.
Le flow est un terme beaucoup utilisé par les musiciens, les surfeurs. Il y a là quelque chose du tempo, de l’harmonie. Le flow ne se voit pas mais se vit. Ce n’est pas un truc qui est hors sol. Il est la conséquence du travail. Au départ, le geste est chaotique, les muscles ne travaillent pas ensemble, la pensée se disperse, … et avec le travail, les choses s’alignent… jusqu’au moment où la sensation d’efficacité de voler sur l’eau l’emporte sur toutes les autres sensations. Il ne peut plus rien t’arriver. Mais il faut avoir bossé, répété tes gammes.
Quand tu vois que tu vas remporter une compétition, tu as de l’avances, tu es ton bateau, tu es ta pagaie, et en équipe vous ne faîtes plus qu’un. C’est cet état là qu’il faut rechercher.
Philippe : Il est très rare que tu sois euphorique pendant la course même si tu sais qu’avec une longueur d’avance, tu es en mesure de la remporter. En une fraction de seconde, la machine peut se dérégler. Tu penses que tu maitrises l’effort, mais il faut arriver à se maintenir dans cet état d’efficacité le plus temps possible.
Garder la lucidité quand on est au bout, dans l’effort n’est pas facile. Peut-être est-il nécessaire de travailler spécifiquement sur ces états-là. Un préparateur mental proposait aux athlètes de se voir de haut lorsqu’ils entraient dans le dur : « Ok, il faut que je me voie pagayer, que je visualise le bateau, comment je pagaie…pour continuer à améliorer ma technique. » C’était sa façon de voir. Pour un athlète qui avait travaillé sur la visualisation : « Au bout du couloir, à la ligne d’arrivée, il y avait des gens avec une grande corde qui essayaient de me tirer pour que j’aille le plus vite possible à l’arrivée. »
Ce travail de visualisation est intéressant pour créer des images qui font sens pour toi. Ces techniques peuvent peut-être permettre de trouver le flow, mais le flow est un état, pas une technique. Le flow, ce n’est pas le bien-être, c’est un état où tout est réconcilié. Tu opères les relâchements nécessaires, tu es plus précis, tu dépenses moins d’énergie, ta respiration est calée, tu vois tes adversaires … C’est un état d’hyper lucidité par rapport à ce qu’il se passe. Certains athlètes cherchent en permanence à rester en éveil pour ajuster leurs efforts, et améliorer leurs techniques ; d’autres s’absentent et s’endorment. Au final, ce sera toujours l’athlète extrêmement fin techniquement, qui se sera entraîné aux mêmes intensités et charges que son voisin, passif et obéissant, qui remportera la timbale.
Philippe : Un footballeur disait que dans cet état, il avait le sentiment de facilité, les autres joueurs se déplaçaient au ralenti, tout le monde est à l’arrêt. Le temps est à l’arrêt.
C’est un état particulier. Tu entres en résonnance avec ton bateau, la pagaie, le plan d’eau, tes coéquipiers, l’environnement. C’est l’instant tout semble réconcilié. Le corps prend les commandes. Tout semble facile. Vous êtes invincibles. C’est un état où…la rencontre a eu lieu. Les décisions sont limpides, la motricité est subtile, …Il ne peut rien vous arriver parce que vous avez créé les conditions de la rencontre. Vous n’êtes plus quatre, mais vous faîtes corps en un. C’est le fruit d’une obstination des athlètes à chercher en permanence une meilleure efficacité, par une succession d’ajustements infimes et insaisissables.
Philippe : L’effort est tellement intense qu’il efface cette sensation de « flow ». Si j’aborde le flow avec mes coureurs, je serais surpris qu’ils en parlent en ces termes.
Il y a de la radicalité dans le « flow ». Pour être radical il faut aller à la racine de la performance. Et se déplacer le plus rapidement possible d’un endroit à un autre sur un bateau fait appel à la glisse. Ce thème de la glisse mériterait d’être creusé avec vos sportifs, d’autant que vos leaders sont nécessairement de bons glisseurs. La glisse n’est pas quelque chose d’instinctif qui serait acquis un fois pour toute. Échanger avec eux, sur la façon dont ils pensent avoir développé cette compétence de glisse permet d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur la performance. Quelle est leur perception de la glisse ? Comprendre ce qu’ils cherchent, et ce qui fait sens pour eux. C’est compliqué de demander à un sportif ce qu’il a senti. Il leur appartient de prendre la parole, avec leurs propres mots, sans être pressé par une réponse attendue et convenue de l’entraîneur. La parole ne dit jamais les choses comme elles sont, elle crée des écarts, mais c’est toujours mieux que rien, elle permet d’approximer.
Philippe : Effectivement, on ne prend peut-être pas suffisamment le temps d’aborder ce sujet de la glisse. J’ai bien conscience que l’implication des athlètes dans leurs projets est essentielle. Et dans ma représentation du sport de Haut-Niveau, j’ai du mal à penser que certains athlètes pourraient ne pas l’être. C’est peut-être une histoire d’éducation, de génération. Mais ils se limitent trop souvent à répondre au cahier des charges qu’on leur demande : « J’ai fait ce que tu m’as dit de faire ». Ce qu’ils vivent est quand même fabuleux. Et je ne comprends pas pourquoi certains, ne se donnent les moyens de réaliser leurs rêves.
En fait, il y a ceux qui cherchent en permanence, et les autres qui font juste la séance, juste ce que tu leurs donnes. J’ai récemment accompagné un athlète sur un bateau, en étant à côté de lui : « – Alors c’est quoi ta séance ? – Eh bien, c’est ce que tu as marqué sur le papier. – Non ce qui m’intéresse, ce n’est pas la séance, c’est ta séance. Comment tu la vois techniquement, comment tu vas t’y prendre ? » Je n’ai pas la prétention d’avoir la solution parce qu’il n’y a pas de solution dans l’absolu, il y a juste leurs solutions qu’ils doivent trouver, inventer.
Mon rôle est de les accompagner dans un processus d’exploration, de recherche pour qu’ils améliorent individuellement et collectivement leurs performances. Dans la mesure où nous sommes confrontés à la complexité du vivant, le véritable défi du métier d’entraîneur est d’accompagner les athlètes à prendre leurs responsabilités et en aucun cas se substituer à eux. C’est tout l’art d’entraîner. Cela exige parfois de prendre les problèmes de biais, de les contourner, de prendre des chemins de traverse, de s‘appuyer sur des tiers. En effet, il est parfois préférable de faire passer une consigne par un tiers. Un jour à l’INSEP, j’observais les gars travailler en réathlé avec un intervenant extérieur sur des tests de posturologie. Je me suis rendu compte qu’en leur donnant, moi-même, exactement la même consigne, elle n’est pas appliquée avec autant d’engagement. Peut-être est-ce lié au fait qu’ils sont plus à l’écoute lorsqu’il s’agit d’un intervenant extérieur qu’ils ne connaissent pas.Cela montre bien l’intérêt de renouveler les discours par d’autres personnes, extérieures à leur environnement.
C’est pourtant la quête de sens qui engage un athlète. Il y a ceux qui cherchent et ceux qui attendent ce qu’on leur dise ce qu’il faut qu’ils fassent. Et là c’est mort. Accéder au « flow » par exemple, suppose qu’un athlète s’engage sur un chemin qui l’engage de tout son être. Peut-être que le « flow » est juste un instant, une sensation, qui n’existe pas dans l’absolu, mais si tu t’en approches, c’est que tu es pleinement connecté à toi, à la situation de compétition, à l’environnement. Le « flow » exige que chacun soit dans son style, et il y a accède par un lent processus d’individuation. « Aucun homme ne marche jamais deux fois dans la même rivière, car ce n’est pas la même rivière et ce n’est pas le même homme « , écrivait le philosophe grec Héraclite. Chaque course à l’entraînement comme en compétition n’est jamais la même, donc au fur et à mesure des répétitions, chacun va gagner en technique, en efficacité, en économie… La compétition exige que l’athlète maitrises les fondamentaux et soit dans son style. Considérer qu’il y aurait un geste, une technique idéale, n’engage pas les athlètes à explorer et inventer leurs propres techniques. La plupart des athlètes sont dans un désir de reproduction. Ce sont des copistes. Moi qui ne suis pas expert, quand je les voie pagayer, ils font tous pareil. Mais en réalité, certains sont dans l’abandon d’eux-mêmes en faisant juste ce que dit l’entraîneur, et d’autres sont dans une démarche de quête pour trouver des solutions plus subtiles, plus fines, plus efficaces dans la prise de la pagaie, la trajectoire dans l’eau, dans le placement du corps, des appuis… Ceux-là ont une marge de progression plus importante que les autres. Comment les mettre en situation pour qu’ils cherchent quelque chose à chaque séance ? Les processus de transformation, d’individuation sont lents, nécessite de passer du temps, d’échanger avec eux sur ce qu’ils font.
Philippe : Cela relève des motivations profondes de chacun. Comment vois-tu ton implication dans ton projet ? Est-ce une aventure, un sacrifice ? Quel est ton modèle par rapport à tes parents ? Que veux-tu leur montrer. Quel intérêt portent tes parents à ton projet ? En cadet, junior, quand les athlètes arrivent aux portent de l’équipe de France, ils sont d’abord portés par le projet des parents. Ils les amènent sur les compétitions, les ramènent, s’assurent que tout va bien. Ils sont présents sur les bords des bassins, parfois trop présents (ma maman l’a fait 😊). Ils surveillent, analysent, auscultent. L’école, le double projet – souvent les parents sont derrière.
En junior, leur motivation est souvent extrêmement liée aux parents car ils éprouvent le désir de représenter quelque chose par rapport à eux. Par la suite, en fonction de leurs résultats, de leurs motivations profondes, trois profils se dessinent. Ceux qui ceux qui abandonnent ; ceux qui décident réellement de s‘engager en poursuivant un objectif de haute performance et ceux qui souhaitent continuer la compétition sans réellement vouloir se prendre en main.
Ces derniers n’ont pas à penser leur vie. Il s’entraînent pour s’entraîner. Ils sont pris en main, ils sont dans une forme de confort. On s’occupe d’eux. Se projeter leur convient dans la mesure où l’objectif reste lointain. Que ça marche ou pas, n’est pas très grave. Une des raisons est que pour la plupart, ceux-là n’ont pas l’expérience de la vie, n’ont pas été amené à prendre des décisions. Ils suivent le courant.
Philippe : Lorsqu’ils accèdent aux collectifs France junior, on a facilement tendance à les classer en « talentueux » ou « besogneux ». Sauf que, pour accéder à l’étage au-dessus, soit tu charbonnes et tu y arrives soit tu ne charbonnes jamais et tu n’y arrives pas. Le talentueux qui a eu l’habitude de tout réussir sans travailler, ne peut pas passer la marche et du coup…. Il arrête. Et c’est fréquent.
Et puis tu te rends compte parfois que les « besogneux », une fois qu’ils ont passé la crise pubertaire, qu’il se sont affinés, retrouvés dans leurs corps, ils réalisent qu’ils ont du talent. Et la différence est énorme avec les « talentueux », car « les besogneux » ont travaillé leur sujet.
Comment ont-ils bossé les talentueux ? Ils ont bossé peau de balle. Ils n’ont pas perçu les exigences de la haute performance. Parce qu’il faut s’y coller quand même. S’engager, être déterminé dans ta discipline. Beaucoup de gamins ne passent pas le seuil.
Zidane place le travail au-dessus du talent disait : « moi, j’ai travaillé, j’ai travaillé dur, je dois ma réussite à la sueur de mon front, tout ce que j’ai fait, j’avais des qualités, mais si je n’avais pas travaillé j’aurais été un simple joueur de première division ».
Dans l’univers du Surf, pour la plupart, le travail n’est pas premier. Un bon entraînement c’est quand le jeune a pris une bonne vague ; très peu sont dans une dynamique de de haute perf. Ils ne vont à l’eau que lorsque les conditions sont belles.
Philippe : Un journaliste à propos d’un joueur de golf : « Vous avez eu de la chance quand même ?». La réponse du joueur : « Vous savez quoi ? Plus je m’entraîne tous les matins plus j’ai de la chance. Quand il neige, il pleut, il vente, j’y suis…. Et à 18 heures, je finis par dernière séance par des étirements avant d’aller manger.
Les gens pensent que le talent est inné mais ça commence par le travail.
[1] Selon Laurent Schmitt, cette méthode d’analyse de la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) permet d’individualiser l’entraînement de chaque athlète en fonction des niveaux d’énergie orthosympathiques et parasympathique du système nerveux autonome (SNA). A partir de l’analyse de VFC et du diagnostic de l’état d’activité du SNA du sportif, il est possible de diagnostiquer le type de fatigue, ajuster les programmations d’entraînement, anticiper sur la survenue de la fatigue, proposer les remédiations adaptées pour éviter le surentraînement, et aussi renseigner le sportif sur son niveau de performance.